Société

Accident entre Oyem et Mitzic : un directeur d’école meurt en allant toucher son salaire

C’est dans une école de Mitzic comme celle-ci que Jérôme Nzoghe Ndong exerçait. ©DR

GT 26 juillet 2022 – En 2022, des travailleurs en sont encore à parcourir des centaines de kilomètres pour aller percevoir leur dû. Lundi 25 juillet dernier, un directeur d’école à Mitzic a trouvé la mort alors qu’il revenait d’Oyem toucher son salaire, faute de banque dans la localité où il est en poste.

Le 25 de chaque mois, plusieurs agents publics affectés dans l’arrière-pays sont contraints de partir d’une ville à une autre pour rentrer en possession de leurs émoluments. Le manque de structures bancaires dans la plupart des localités à l’intérieur du pays — les opérateurs de ce secteurs préférant se limiter aux seuls chefs-lieux de provinces — oblige les agents de l’État à braver, parfois au péril de leur vie, tous les risques liés à la route.

Il y a trois jours de cela, six personnes au total (cinq sur-le-champ et une sixième quelques temps après) sont mortes des suites d’un accident de la route entre Oyem et Mitzic dans la province du Woleu-Ntem.

Au nombre des décédés, Jérôme Nzoghe Ndong. Il était directeur de l’école publique d’Akinitome Siat Mitzic 4. Ce jour là, le fonctionnaire a effectué, comme à l’accoutumée, le «voyage» d’Oyem où se trouve la banque dans laquelle il était domicilié. C’est en rentrant dans l’après-midi que le véhicule qui le transportait, avec d’autres passagers, est entré en collision avec un bus de Major Transport. Aucun d’eux n’a survécu. Un énième accident mortel sur le tronçon le plus accidentogène du pays.

Le tronçon de la mort ?

Plusieurs habitués de la route pointent l’état piteux de l’axe Mitzic-Oyem. D’après les informations en notre possession, les crevasses sur la voie, et les hautes herbes aux abords ayant considérablement rétréci la route, sont les principales causes de l’accident de lundi. D’ailleurs, les responsables de Major Transport que nous avons contacté persistent et signent : c’est le Picnic qui s’est retrouvé sur la voie opposée et non le contraire. « Notre chauffeur n’était ni ivre, ni fatigué comme on a pu le lire ça et là » soutiennent-ils.

Des dires plus ou moins corroborés par des témoins sur place. « Le Picnic, qui roulait à vive allure, a voulu éviter un trou au niveau d’un tournant. Avec les hautes herbes qui ont envahi la route, il lui était difficile de voir le bus de Major qui arrivait en face », témoigne un riverain que nous avons joint au téléphone. Et d’ajouter : « l’excès de vitesse, certes. Mais les accidents dans le Woleu-Ntem sont surtout dus au mauvais état de la route ».

Comme Jérôme Nzoghe Ndong, ils sont nombreux ces agents publics qui laissent leur peau dans les lieux d’affectation. L’opinion a encore en mémoire cette jeune enseignante, fraîchement sortie des bancs, affectée à Mbigou où elle trouva la mort faute de structures médicales pour la prendre en charge. Ces agents qui acceptent malgré tout d’aller servir aux confins du territoire national méritent bien une meilleure attention de la part du gouvernement.

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