Société

Affaire Renaud Allogho Akoué : et si l’accusation était infondée ?

L’accusé Renaud Allogho A joué. ©DR

GT 07 août 2022 – Tout au long du procès de Renaud Allogho Akoué devant la Cour d’appel siégeant en sa deuxième session spécialisée de l’année judiciaire 2021-2022, Mes Martial Dibangoyi Loundou, Jean Stéphane Eyoghe et Alicia Ondo, avocats de l’ancien directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS), n’ont de cesse de demander à l’accusation si elle possédait des preuves matérielles tangibles contre leur client. En réponse, le Ministère public et l’Agence judiciaire de l’État (AJE) leur opposaient une disposition du Code de procédure pénale selon laquelle « c’est à l’accusé d’en apporter la preuve contraire ».

Ce qui, du point de vue de la logique, est quand même aberrant, dans la mesure où toute dénonciation devrait se baser sur des éléments à charge fiables, indiscutables et irréfutables. Au final, l’accusé a écopé, en plus d’un montant de 4 milliards de francs à verser à l’État, de 8 ans de réclusion criminelle (assortis d’un an avec sursis) et d’une amende de 10 millions de francs, après avoir été reconnu coupable du crime de détournement de fonds publics et du délit de blanchiment des capitaux.

En attendant la Cour de cassation que la défense a décidé de saisir, l’analyse de certaines pièces mises au dossier et dont nous avons obtenu copie, amènent à s’interroger si les faits reprochés à Renaud Allogho Akoué sont fondés ou pas.

D’abord sur le délit de blanchiment, pour lequel l’ancien patron de la CNAMGS a dit ne pas s’y reconnaître. Arguant qu’il a acquis ses biens immobiliers à partir des revenus tirés de ses fonctions successifs au cabinet PricewaterCoopers et au sein du groupe d’assurances et de réassurances Ogar.

Sur le crime de détournement d’argent public, le procès-verbal du conseil d’administration ordinaire de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale, présidée par Charles Imounga-Orezans, donne plutôt un satisfecit à sa gestion en 2018. « L’exercice clos au 31 décembre 2018 présente un résultat positif de 266 millions 786 mille 207 francs contre moins 8 milliards 66 millions 472 mille 781 francs », peut-on lire dans ce document en parlant du rapport global financier.

Mieux, poursuit le rapport, « la gestion technique de l’assurance maladie en 2018 dégage une marge brute globale de 23 millions 274 mille 534 francs contre 13 milliards 350 millions 542 mille 736 francs en 2017, soit une augmentation de 74,33% ».

De plus, le résultat technique de la garantie sociale est passé de 2 milliards 67 millions 492 mille 249 francs en 2017 à 2 milliards 471 millions 158 mille 315 francs en 2018, soit une hausse de 19,52%.

« Les comptes financiers de l’exercice 2018 sont adoptés à l’unanimité, avec acclamation des administrateurs », conclut le rapport.

Caroline Bivigou

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