L’avenir du franc des colonies françaises d’Afrique (FCFA) semble désormais se dessiner en pointillés. De sommet en sommet, les six pays (Gabon, Cameroun, Guinée équatoriale, Congo, Tchad, Centrafrique) de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) n’ont de cesse d’évoquer la question de sortie de cette monnaie.
Il en avait été ainsi à Yaoundé au Cameroun, lors du sommet extraordinaire des chefs d’État de novembre 2019. Une rencontre au cours de laquelle les dirigeants de nos pays avaient exprimé leur volonté de « faire évoluer le FCFA et de disposer d’une monnaie commune stable et forte ».
Le sujet a encore été soulevé à Libreville, à la faveur des premiers états généraux du fonctionnement des institutions de la Cémac. Avec l’envie de remplacer ou simplement de réformer la monnaie héritée de la colonisation.
Créé initialement en 1939, le franc des colonies françaises d’Afrique est officiellement né le 26 décembre 1945. À l’époque où la France ratifie les accords de Bretton Woods et procède à sa première déclaration de parité au Fonds monétaire international (FMI).
Cette monnaie était utilisée par les huit pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo; ainsi que ceux de la Cémac. Soit au total 14 nations.
Mais le samedi 21 décembre 2019, le président français, Emmanuel Macron, et les gouvernements de l’Uemoa ont signé un accord de coopération qui met fin au FCFA dans cette région. L’eco est désormais la monnaie commune en Afrique de l’ouest.
Cette issue semble irréversible concernant l’Afrique centrale. Le thème « consolidation des acquis et perspectives » des états généraux du fonctionnement des institutions de la Cémac est d’ailleurs évocateur. Et les dirigeants de cette sous-région veulent accélérer les choses.
Ce, en s’appropriant l’ambition défendue par feu le président Idriss Déby Itno, en 2015, de sortir de la zone FCFA. Une monnaie qui, selon certains économistes, privent les pays utilisateurs d’un pouvoir monétaire souverain.
Évoquée bien avant les années 2010, cette perspective avait d’ailleurs été soutenue par d’autres économistes de renom comme Dominique Strauss-Kahn. En 2008, s’il a dressé un tableau élogieux du FCFA, notamment sa bonne performance au niveau macroéconomique grâce à la garantie dont il bénéficie, l’ancien patron du FMI relevait néanmoins des inconvénients qui fragilisent les économies de la zone.
Aussi, recommandait-il une réforme du FCFA pour réattribuer des sièges de la France au sein des instances des banques centrales africaines à des administrateurs internationaux indépendants, afin de couper les derniers liens qui sont soupçonnés de coloniaux.
Lors des dernières assises des institutions de la Cémac, le Pr Daniel Ona Ondo, président de la Commission de cette sous-région, a rassuré que « la réforme est en cours ». Cependant, il s’est donneplus de détails en raison de son « mandat de confidentialité ».
Le nom de la future monnaie commune figure parmi les détails confidentiels. Et l’Afrix est le nom qui fuite jusque-là. « Une monnaie commune stable et forte », selon des sources bien informées.
Par Guy Romuald Mabicka
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