Économie

Carrière de granitoïde de Bakoumba : entre soupçon de concussion et fuite en avant

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De toute vraisemblance, le ministère des Mines a provoqué un réel désordre au niveau de la carrière de granitoïde de Bakoumba, dans le département de Lékoko, province du Haut-Ogooué (sud-est).

L’affaire fait grand bruit depuis un certain temps, du fait de la volonté soupçonnée de l’autorité ministérielle précitée de céder illégalement la carrière en question à l’opérateur chinois Synohydro au détriment de la Gabonaise SGTP mines qui en est pourtant la détentrice légale.

Il faut rappeler en effet, que le 30 décembre 2021, par le biais de l’arrêté n°000165/MPGM/SG/DGMG/DLMEM, l’entreprise nationale a bénéficié de l’autorisation d’ouvrir et exploiter temporairement ladite carrière enregistrée sous le numéro G2-418, pour une durée de 3 ans.

Approchés, des dirigeants de cette société confirment du reste cette information. Ils assurent avoir satisfait à toutes les exigences, notamment la réalisation d’une étude d’impact environnemental, condition sine qua non à l’exploitation du site.

C’est en sillonnant le site que SGTP mines se rend compte de la présence secrète de Sinohydro. Loin de se décourager, les patrons de la société gabonaise saisissent le ministère des Mines, autorité gouvernementale compétente.

La missive adressée le vendredi 17 mars courant fait constater et dénonce l’occupation illégale du site par l’entreprise chinoise. Dans cette correspondance, SGTP mines prend le soin de rappeler qu’elle est en attente du quitus de la direction générale de l’environnement et de la protection de la nature (DGEPN) pour pouvoir commencer l’exploitation de sa carrière.

Au regard de tous ces éléments, il est impossible d’imaginer qu’une telle filouterie soit méconnue des responsables du ministère des Mines. Voire du ministère en charge des questions environnementales.

Au demeurant, il y a lieu de se demander qui aurait accordé à Synohydro l’autorisation de mener des activités à l’intérieur de la carrière de granitoïde de Bakoumba, pourtant attribuée à SGTP mines en 2021, par ce même ministère en charge des Mines.

Cette interrogation demeure pour l’instant sans réponses. Remettant ainsi au goût du jour la concussion et l’absence de transparence ayant déjà conduit à l’exclusion du Gabon à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).

Si l’on en croit un confrère en ligne, le gouvernorat de la province du Haut-Ogooué aurait eu connaissance de ce dossier. Cette administration ne donne pas assez de détails sur cette affaire qui lèse un opérateur national, renvoyant le média au ministère des Mines.

Toutefois, le gouvernorat de la deuxième région administrative du Gabon évoque les dispositions de l’article 9 de l’arrêté n°000165/MPGM/SG/DGMG/DLMEM. Cet article dispose : «Après un an, s’il n y a pas une mise en valeur, la carrière redevient dans le domaine de l’Etat.»

Ce qui apparaît comme une fuite avant, à l’image de Ponce Pilate. D’autant que la société SGTP mines était en attente de l’avis favorable de la DGEPN.

 

Caroline Bivigou

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