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Cémac : la monnaie commune est-elle un frein au développement de la sous-région ?

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À l’initiative de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac), Libreville accueille, depuis ce matin, un colloque de haut niveau sur la monnaie et le développement de la sous-région. En lieu et place de la cheffe du gouvernement empêchée, la ministre de l’Économie et de la Relance, Nicole Janine Lydie Roboty Mbou, a ouvert les travaux de cette rencontre qui traite d’une problématique fondamentale pour les pays de cet espace communautaire.

« Les pays de la Cémac ont adopté et mettent en œuvre des politiques et stratégies de développement dans le cadre de l’institution de l’Union économique et de l’Union monétaire », a-t-elle rappelé.

De façon explicite, Mme Roboty-Mbou a indiqué, concernant l’Union économique, que « les dirigeants de la sous-région n’ont de cesse de réaffirmer, entre autres, la nécessité de favoriser le développement économique des Etats membres grâce à l’harmonisation de leurs législations, à l’utilisation de leurs marchés intérieurs et à la mise en œuvre des politiques communes dans les secteurs essentiels ».

Concernant l’Union monétaire, conscients des avantages que les pays tirent de leur appartenance à une même communauté monétaire et désireux de la renforcer, ils ont notamment réitéré le besoin de « consolider les acquis de la coopération monétaire par l’effet des conventions de Brazzaville des 22 et 23 novembre 1972. D’abord entre les pays membres eux-mêmes, entre ces mêmes pays et la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) et, enfin, les Etats de la Cémac et la France ».

Mais à l’examen de la situation économique, financière et monétaire de la zone, ainsi que de l’analyse des perspectives économiques de la sous-région, la Conférence des chefs d’État a chargé la Commission de la Cémac de proposer un schéma approprié qui conduirait à l’évolution de la monnaie commune.

Dans ce sens, pour le Pr Daniel Ona Ondo, président de cette Commission, la réflexion vise à « disposer d’une monnaie stable et forte ».

Dans tous les cas, selon lui, le schéma attendu se rapporte à l’évolution des principaux mécanismes actuels de la coopération monétaire avec la France, à savoir : la grande convertibilité illimitée par l’ancien colonisateur de la monnaie émise par la BEAC (le FCFA); la fixité du taux de change; la liberté de transfert entre les pays membres de la banque centrale et la France; ainsi que la centralisation des réserves auprès d’un compte d’opérations ouvert au Trésor français.

Les enjeux de développement sont au cœur des analyses de l’efficacité du système monétaire auquel appartiennent les Etats de la Cémac, selon l’ancien Premier ministre gabonais.

Pour lui, « à y voir de près,la stabilité macroéconomique et le développement économique doivent aller de paire. D’où l’importance du thème à l’ordre du jour ».

Car, qu’elle soit nationale ou régionale, une monnaie doit être un instrument stratégique de remodelage de l’appareil de production d’un pays, de définition de ses choix de spécialisation, de redynamisation de ses investissements, de l’accélération de son rythme de formation de capital et d’utilisation de facteurs de production.

Notons que la zone franc est un espace monétaire et économique qui associe la France à 15 pays de l’Afrique au sud du Sahara, à savoir 6 Etats de la Cémac, 8 de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest (UEMOA) et les Comores.

Depuis quelques années, les principes et modalités de fonctionnement de la zone sont critiqués. D’aucuns pensent qu’elle contiendrait une contradiction interne entre l’objectif de stabilité monétaire assignée aux banques centrales et les nombreux enjeux de développement inscrits dans les actes constitutifs qui créent la Cémac et l’UEMOA.

Il semble que les avantages qu’offre le système, notamment du point de vue de la stabilité macroéconomique, ne compenseraient nullement les inconvénients qui en résultent sur le niveau de développement économique.

Aussi, les bénéfices d’une inflation maîtrisée (avantages supposés des pays membres de la zone franc) ne seraient pas suffisamment importants pour éliminer les coûts imposés à la production par une politique monétaire extrêmement restrictive. Ce qui ne permettrait pas d’ajuster aux chocs extérieurs.

 

Caroline Bivigou

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