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Constructions dans des zones à risques, faut-il imposer le permis de construire ?

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Constructions dans des zones à risques, faut-il imposer le permis de construire ?

La question vaut son pesant d’or, au regard des édifications, souvent précaires et même anarchiques, érigées dans des zones à risques. Cette attitude, qui résulte clairement d’un incivisme notoire met en danger, non seulement la vie des propriétaires eux-mêmes, mais aussi celle des voisins et détériore le vivre-ensemble tant clamé par les plus hautes autorités.

Aux anciens feux tricolores de Nzeng-Ayong, en face de la station de la Cité de la Démocratie ou encore dans la zone dite des « PK », du perchoir à l’immeuble Beyrouth, plusieurs habitations perchées menacent de tomber soudainement de leurs masses, à tout moment, avec le sol qui s’érode.

Pourtant, aussi incompréhensible que cela puisse être, on y voit pousser des nouvelles bâtisses au mépris total du risque encouru. Un entêtement suicidaire qui, in fine, coûtera cher à l’État.

À tout considérer, les obstinés bâtisseurs dans ces zones ont assurément oublié que « qui risque un œil finit par perdre les deux ». C’est dire qu’une peine inévitable résulte toujours d’une faute volontaire.

L’année 2022 a été particulièrement marquée par des éboulements meurtriers à Libreville. Tout le monde a encore en mémoire ces tragédies du PK 6 et, surtout, au PK 8 où 7 personnes avaient trouvé la mort ensevelies dans leur sommeil. Construite sur une terre de remblai, leur maison n’avait pas résisté au glissement de terrain qui avait tout emporté sur son passage. Ce drame avait obligé le chef de l’État à se rendre sur les lieux, au chevet de la famille.

Si les familles, celles du PK 8 notamment, ont pu être relogées dans de bien meilleures conditions au frais de l’État, cette situation, au fond, est révélatrice d’un mal profond et sournois chez certains concitoyens qu’il faut urgemment guérir. Sinon comment expliquer ce qui se passe au PK 6, où des gens continuent de construire malgré le risque patent d’érosion ?

C’est le lieu de rappeler à ceux qui insistent à bâtir sur des espaces dangereux que « qui s’obstine à mordre un caillou, ne réussit qu’à se casser les dents. De ce fait, il faudrait vraiment prendre conscience du danger existant sur la pente.

Cet incivisme, dont font montre bon nombre de concitoyens, semble profondément ancré dans les gènes. C’est sans doute pour conjurer ce mauvais sort que le gouvernement a récemment décidé d’introduire l’enseignement des notions civiques dès la maternelle.

Il faut civiliser certains compatriotes par tous les moyens. Et, pourquoi pas, réglementer les constructions privées.

Sous d’autres cieux, avant de bâtir sa maison en milieu urbain, il faut avoir une autorisation délivrée par la municipalité qui se rassure au préalable que la zone sollicitée est bien constructible et ne présente aucun danger pour les personnes et l’immobilier. Faudra-t-il l’appliquer chez nous ?

Selon Jean Mabika, environnementaliste, « les constructions anarchiques coûtent chers à l’Etat, en termes de destruction d’infrastructures publiques ou de dédommagement ». Comme M. Mabika, plusieurs spécialistes pensent que « le gouvernement gagnerait donc à réguler les constructions », à travers notamment l’imposition d’un permis de construire.

En somme, il faut urgemment mettre de l’ordre dans ce secteur. Car, l’ordre des faits ne doit plus se confondre avec l’ordre des causes.

 

La Rédaction
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