A la UneSociété

Contrôles routiers : spectacle déshonorant d’un policier agrippé à une voiture en mouvement

Ecouter cet article

Un policier assis sur le capot d’un véhicule de marque Toyota Corolla, de type berline et immatriculé JU-671-AA qui le trimbale sur quelques mètres : l’image a fait le tour des réseaux sociaux et du monde. Elle met en exergue un flic semblant s’accrocher, tel un prédateur tenaillé par la faim, à une proie qui lui résiste pour s’extraire de ses griffes.

À la fois amusante et déshonorante, la scène se déroule dans un quartier de Libreville. Elle a été filmée par un des badauds.

Il semblerait que l’automobiliste n’a pas voulu s’exécuter face à l’agent contrôleur en faction dans la zone. Mais à bien regarder la vidéo en question, l’on réalise que le conducteur a eu du mal à trouver un endroit où stationner. Mais le policier aurait cru à un « refus d’obtempérer », d’où sa décision de s’agripper sur la voiture en mouvement.

Et les internautes de se demander qui, au finish, est fautif. La question vaut son pesant d’or, car l’on a souvenance de l’interdiction faite par le commandement en chef de la police, à ses troupes, de contrôler sur toute l’étendue du territoire. Particulièrement dans le Grand Libreville jusqu’à nouvel ordre.

La mesure interdisant les contrôles routiers a été prise en septembre dernier, suite aux nombreuses plaintes des usagers sur des cas de corruption et de racket. « Il est rappelé à l’attention de tous les policiers que les contrôles routiers intempestifs sont interdits sur toute l’étendue du territoire national », avait-on retenu de cette note de service signée le 6 septembre 2022 par le commandant en chef des Forces de police nationale, Serge Hervé Ngoma.

Ce dernier précisait que dans l’accomplissement de leurs missions régaliennes, les services de police en charge de la voie publique se limiteront désormais à « la régularisation de la circulation routière ». Non sans menacer »tout policier réfractaire à ces dispositions et pris en flagrant délit de contrôle d’être présenté devant un conseil extraordinaire qui statuera sur sa révocation », en plus d’engager la responsabilité du chef hiérarchique direct.

Si l’instruction semble avoir été respectée au début, elle est apparue comme un bluff au fil des semaines. Les policiers affectés sur la voie publique ont repris progressivement leur sport favori.

Dans le Grand Libreville, par exemple, on les voit à l’œuvre, sifflet à la bouche, une main pointée en direction des transporteurs. Très souvent debout au milieu de la chaussée.

La scène évoquée plus haut laisse penser que les décisions prises au niveau de la police n’engagent que leurs auteurs.

Il faut rappeler que l’interdiction des contrôles routiers faite aux policiers est intervenue quelques semaines après celle du commandant en chef de la Gendarmerie nationale, Yves Barassouaga, à ses hommes. Les sorties de ces deux chefs de corps faisaient suite aux mesures prises par le président de la République, Ali Bongo Ondimba, dans son discours à la nation le 16 août dernier. « Je n’ignore rien de certaines pratiques intolérables qui ont cours dans les rues de la capitale et des grandes villes de province. À ce sujet, j’ai à nouveau donné, il y a quelques jours, des consignes d’extrême fermeté pour que les quelques brebis galeuses soient sanctionnées et séparées du reste du troupeau », avait déclaré Ali Bongo Ondimba.

Les vieilles habitudes semblent avoir la peau dure au sein des forces de sécurité.

 

Caroline Bivigou

Laisser un commentaire