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Coup d’État au Burkina Faso : la chronologie des événements.

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Le Burkina Faso est, une fois de plus, le théâtre des coups de force. Huit mois à peine après celui qui avait fait partir le dernier président élu, Roch-Christian Kabore, voilà que le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui avait pris le pouvoir en fin janvier, a été à son tour démis de ses fonctions par des militaires hier soir.

Les putschistes ont lu une déclaration hier soir à la télévision nationale annonçant l’éviction de Sandaogo Damiba. Ils ont également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes à partir de minuit, ainsi que la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement.

Plus tôt dans la journée, autour de 4h30 Temps Universel (TU), des tirs ont été entendus près du palais présidentiel, à Ouagadougou. À 8h, la télévision nationale a cessé d’émettre, et 50 minutes plus tard, plusieurs médias locaux ont indiqué que certaines écoles étaient restées fermées.

Dès 9h05 TU, des militaires lourdement armés prennent d’assaut des bâtiments du gouvernement. Et à 9h20 la télévision publique qui avait repris ses émissions entre-temps, est coupée à nouveau avant d’être rétablie vers 9h50. La situation est très confuse au point qu’à 11h, les ambassades occidentales appellent leurs ressortissants à «la plus grande vigilance». Certaines missions diplomatiques, comme celle des États-Unis, évoquent même un risque «d’explosion» au regard du climat particulièrement tendu.

Autour de 12h55 TU, la présidence de la République, qui évoque « une mutinerie de quelques soldats », appelle la population au calme. Mais sans en tenir compte, des manifestations se tiennent place de la nation à Ouagadougou. Les manifestants demandent la libération du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, arrêté le 10 janvier dernier par la Gendarmerie nationale.

Réputé comme un des officiers prometteurs de l’armée burkinabè, Emmanuel Zoungrana était alors soupçonné de fomenter un coup d’État. Son arrestation avait déjà à l’époque suscité une crise dans les rangs que la junte au pouvoir croyait, à tort, apaisée. Puisqu’à 20h, heure locale, une quinzaine de soldats armés et certains cagoulés ont annoncé la prise du pouvoir du colonel Ibrahim Traoré, commandant d’artillerie de la première région militaire basée à Kaya dans le centre nord du pays.

Au-delà de ces revendications populaires, c’est surtout que les militaires qui ont porté Paul-Henri Damiba au pouvoir il y a huit mois de cela, disent ne plus se reconnaître en ce dernier qu’il accusent d’avoir « trahit l’idéal de départ ». « En effet, la dégradation de la situation sécuritaire qui a justifié notre action (en janvier ndlr), a été reléguée au second plan, au profit d’aventures politiques malheureuses. Loin de libérer les territoires occupés, les zones jadis paisibles sont passées sous le contrôle des groupes armés terroristes » ont-ils déclaré.

Et pour ne rien arranger, lundi 26 septembre dernier, un convoi de vivre a été la cible d’une attaque djihadiste dans le nord du pays. Le convoi allait ravitailler en vivres la ville de Djibo (nord) quand il a été attaqué par des djihadistes présumés, faisant onze morts côté militaires burkinabés, et une cinquantaine de civils ont été portés disparus d’après le bilan officiel.

Les putschistes qui se réclament du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), ont annoncé, sans en précisant les délais, des consultations prochaines pour la rédaction d’une nouvelle charte de la transition « à l’issue de laquelle un président civil ou militaire sera désigné ».

Les réactions à ce nouveau coup de force ne se sont pas fait attendre. Dans un communiqué publié dans la foulée du putsch, la Communauté Économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a, sans surprise, condamné avec la plus « grande fermeté » cette prise de pouvoir par la force.

 

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