Le Croustillant

Naufrage de l’Esther Miracle : un « drame juteux » pour Afrijet

Ecouter cet article

« Le malheur des uns fait le bonheur des autres ». Ce célèbre adage qui révèle le cynisme des uns tirant profit du malheur des autres, explique à merveille la posture adoptée depuis maintenant trois semaines par Afrijet.

Le jeudi 9 mars dernier, comme tout le monde le sait, le navire Esther Miracle de la compagnie Royal Cost Marine a coulé au large de Libreville.

Ce drame survenu, le gouvernement a, à la faveur d’une réunion d’urgence, décidé de l’interdiction de la navigation entre les capitales administrative et économique du Gabon. Si cette mesure temporaire a finalement été levée, elle a cependant donné des idées fâcheuses à Afrijet.

Cette compagnie aérienne, en effet, profitant de la circonstance, ne s’est pas gênée d’augmenter sans vergogne les coûts des billets. Lesquels sont passés aujourd’hui à 226.000 FCFA (contre 178.600 FCFA, voire 135.000 FCFA depuis juillet 2022) pour une desserte parcourue en à peine 30 minutes.

Ce tarif était appliqué, avant le naufrage, en aller-retour entre Libreville et Port-Gentil. Aujourd’hui, il vaut pour un aller simple. Comme quoi un évènement néfaste bénéficie toujours aux funestes.

Indignés, et à juste titre, nombre de personnes dénoncent le sadisme de l’opérateur qui semble profiter de sa situation monopoliste pour imposer ses prix. «Gabon, où allons-nous ?», s’interroge un compatriote sur son mur Facebook.

Ce dernier laisse entendre que, dans l’incapacité de disposer de ce montant pour se procurer un billet d’avion, il a dû passer par Lambaréné pour rallier la cité pétrolière. «C’était long, mais je n’avais pas de choix», écrit-il encore.

Un autre compatriote ne passe pas par quatre chemins pour stigmatiser cette attitude de la compagnie aérienne : «Le malheur des uns fait bien le bonheur des autres, une triste réalité dans un pays riche où le peuple est pauvre.»

Tout porte à croire que dès la survenue du naufrage, il y a 22 jours, la compagnie aérienne a dissimulé sa joie dans le cœur, sachant que toutes les personnes désireuses de se rendre à Port-Gentil seraient contraintes de passer par les airs. Et donc par elle.

Sauf à croire que cette hausse était prévue depuis. Mais qu’elle arrive au mauvais moment.

Surtout à un moment où le Gabon pleure ses morts, où les rescapés du bateau Esther Miracle peinent à comprendre ce qu’il s’est passé. Et au moment où le gouvernement se prépare à organiser des assises sur la cherté de la vie qui ne concerne pas que les produits alimentaires.

Laisser un commentaire