
Le scandale autour de la divulgation du secret professionnel, touchant la Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI), est apparemment loin de son épilogue. D’ailleurs, il a mis à découvert un réseau d’escroquerie qui aurait à sa tête Alphonsine Ndembi Tchetchenigbo.
D’origine ouest-africaine, celle-ci séjourne à la prison centrale de Libreville depuis l’année dernière.
Elle se faisait passer pour la conseillère spéciale du président de la République auprès de l’ancien coordonnateur général des affaires présidentielles.
Arrêtée le 30 juillet 2021, une perquisition effectuée simultanément à son magasin et à son domicile par les agents de la DGDI chargés de l’enquête aurait permis de récupérer des éléments de preuves accablantes contre ce réseau aux multiples tentacules. À savoir, des documents liés à des affaires pendantes en justice que seuls les avocats concernés sont autorisés exclusivement à consulter au bureau des juges d’instruction en charge de ces dossiers.
Il y a lieu de se demander comment a-t-elle fait pour se les procurer. La découverte des fins limiers laisserait penser à une complicité avec certains magistrats.
Car, au cours de leur perquisition, les enquêteurs auraient obtenu un agenda appartenant à la prévenue et dans lequel seraient mentionnés les noms de certains magistrats et greffiers du parquet de Libreville, selon des sources concordantes.
Dans ce document, elle précise les dates, heures et lieux de rencontres, ainsi que les sommes d’argent qu’elle leur remettait pour bénéficier de leur faveur au profit de certains détenus à la prison centrale de Libreville.
Dans cette organisation apparemment bien huilée, Alphonsine Ndembi Tchetchenigbo identifierait d’abord ses victimes. Généralement des personnes nanties financièrement et incarcérées.
Ensuite, elle les approcherait à la prison centrale de libreville, en promettant d’intercéder en leur faveur auprès des magistrats en charge de leurs dossiers pour obtenir leur mise en liberté.
Fragilisées mentalement par leur détention en milieu carcéral, Alphonsine Ndembi Tchetchenigbo, pour appâter ses victimes, se prévaudrait de la fonction de conseiller spécial du président de la République auprès de l’ex-coordonnateur général des affaires présidentielles, et prétendrait être dotée d’une grande puissance mystique de vaudou, rite traditionnel du Bénin.
Ainsi, mystifiées par sa prétendue fonction à la présidence de la République et ses pouvoirs occultes, les victimes n’hésiteraient pas à lui donner des fortes sommes d’argent exigées pour sa prestation, par l’intermédiaire d’un proche, pour bénéficier de la liberté provisoire.
Une fois les fonds empochés, elle mettrait en mouvement ses réseaux au niveau du tribunal. Ce qui, selon nos informateurs, expliquerait la présence des documents classés secrets.
Une fois la liberté provisoire obtenue, ces anciens détenus seraient harcelés et menacés, à leur grande surprise, par la « bienfaitrice » Ndembi Tchetchenigbo et ses complices. La menace portant sur un retour derrière les barreaux, si la personne libérée ne s’acquitte pas d’une dette qui lui serait dûe à l’issue de son intervention auprès des magistrats.
Depuis l’arrestation d’Alphonse Ndembi Tchetchenigbo et son placement en détention préventive, des responsables de la DGDI subiraient d’énormes pressions de la part des personnes cherchant à altérer les résultats de l’enquête en cours. Vont-ils céder à cette pression ? Rien n’est sûr.
En décembre 2017, un magistrat instructeur avait décidé de laisser en liberté l’auteur d’un fait délictueux. Et, dans le même temps, de placer sous mandat de dépôt ses complices.
La décision avait suscité une vive réaction du ministre de la Justice de l’époque. Lequel avait déclaré à la presse que « certains magistrats étaient corrompus », suscitant le courroux du syndicat de ces professionnels du droit.
Le chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, a fait de la lutte contre la corruption un de ses chevaux de bataille. Il l’a encore réitéré lors de son adresse à la nation prononcée le 16 août dernier.
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