Le Croustillant

La société civile gabonaise est-elle devenue un nouveau parti de l’opposition ?

Ecouter cet article

Le rôle important que joue les Organisations de la Société Civile (OSC) est reconnue partout à travers le monde. Grâce à leur travail et aux actions qu’ils posent, la société leur reconnaît une place primordiale dans l’évaluation et le suivi des politiques publiques. Au Gabon,depuis quelques années, les OSC s’intéressent de plus en plus aux questions de politique, non pas pour avoir un oeil sur l’évaluation des projets publics mais pour se positionner en qualité de candidat aux futures élections,abandonnant même au passage leurs missions de départ. Pourtant le dictionnaire d’expression française défini la Société Civile comme une forme de société ou d’organisation dont l’objet, strictement civil, relève du droit civil et des juridictions civiles.

Ainsi,les coopératives,les Mutuelles,Associations, Organisations non gouvernementales (ONG),Fondations,Regroupements communautaires villageois, et les Acteurs Non Etatiques (ANG) sont autant d’entités qui sont reconnus dans le grand ensemble des OSC.

Brainforest de Marc Ona Essangui, le ROLBG de Georges Paga, le Copil citoyen de Geoffroy Foumboula Libeka et compagnie, le Consortium des organisations de la société civile pour la transparence électorale et la démocratie au Gabon (Coted Gabon) du Pasteur Georges Bruno Ngoussi et ses amis,pour ne citer que ceux-là, sont autant de structures non étatiques qui ont décidé de s’engager sur le plan politique en oubliant leurs raisons sociales. Ces organisations, pourtant formées et financées pour la plupart par des bailleurs de fonds internationaux, dans le but de défendre les droits de l’homme, promouvoir la démocratie, protéger l’environnement, fournir des services sociaux, ou pour répondre à des besoins et des préoccupations de la société civile, décident pour des raisons diverses, notamment de « politique du ventre », de se lancer dans le jeu des élections pour obtenir les suffrages des populations désabusées afin de prendre »leur part du gâteau » comme l’avait affirmé le secrétaire exécutif de Brainforest lors de l’élection présidentielle de 2016.

Face à ces agissements de certains membres ou organisations qui se réclament de la société civile au Gabon, la question de la frontière avec la politique se pose avec acuité.

Pour réponse, le rôle de la société civile n’est pas nécessairement de s’opposer au gouvernement ou au pouvoir en place.

La limite entre l’action de la société civile et l’action politique peut parfois être mince, car ces deux types d’actions ont souvent des objectifs similaires, tels que la défense des droits de l’homme, la protection de l’environnement, ou la lutte contre la pauvreté.

Toutefois, la principale différence entre l’action de la société civile et l’action politique réside dans le fait que l’action politique vise directement à influencer les politiques publiques, alors que l’action de la société civile se concentre généralement sur l’engagement citoyen et la sensibilisation de l’opinion publique.

L’action politique implique généralement la participation à des activités de partis politiques, à des élections, à des processus législatifs, ou à des organes de gouvernance, afin de changer les lois et les politiques publiques en vue de résoudre des problèmes sociaux ou économiques. Les politiciens et les partis politiques ont des objectifs spécifiques qu’ils cherchent à réaliser, et ils utilisent souvent des moyens formels, tels que la législation, pour y parvenir.

En revanche, l’action de la société civile vise à mobiliser les citoyens pour faire pression sur les autorités publiques ou les entreprises pour qu’elles adoptent des mesures positives ou des changements nécessaires, par le biais de campagnes de sensibilisation, de la participation à des manifestations ou des pétitions, ou encore par des actions de lobbying. Les organisations de la société civile peuvent également utiliser des moyens informels, tels que des réseaux sociaux ou des médias alternatifs, pour faire passer leur message.

Mais aujourd’hui, en toute liberté, nous voyons les membres du Copil citoyen, afficher leurs volontés de participer aux prochaines élections législatives et locales. Le Coted Gabon qui se cherche un candidat « idéal » pour la prochaine présidentielle. On voit même Brainforest et le ROLBG soutenir publiquement et s’afficher dans les actions de l’opposition.

En somme, la frontière entre l’action de la société civile et l’action politique peut être fine, mais elle repose sur la question de savoir si l’objectif principal est de changer les lois et les politiques publiques (action politique) ou de mobiliser les citoyens pour défendre une cause ou une idée (action de la société civile).

La réponse à cette question, permettra que chaque partie concernée collabore avec l’autre en respectant son rôle et ses missions. Dès que ce sera le cas,on ne devrait plus observer ce mélange de genre.

Laisser un commentaire