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Société de prêtres traditionalistes, sans statut canonique au sein de l’Église catholique avec laquelle elle entretient des relations complexes, la communauté Saint-Pie X du Gabon, est au cœur d’un vaste réseau de pédophilie en bande organisée.
Ce phénomène qui sévit depuis de nombreuses années dans la communauté ecclésiale, vient remettre au goût du jour la responsabilité et l’intégrité des « hommes de Dieu ».
Au cours d’une enquête qu’ils ont menée durant plusieurs semaines, nos confrères de Jeune Afrique, mettent à nu un système aux antipodes des valeurs chrétiennes.
« La pièce est spacieuse. Au premier étage de la villa que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X occupe dans le centre de Libreville, le père Patrick Groche a fait aménager une chambre qui n’a rien d’une austère cellule monacale. Le supérieur de la mission catholique y dispose d’un vaste bureau, d’où il préside aux destinées de la petite communauté de prêtres envoyés par l’ancien archevêque de Dakar, le catholique traditionaliste Marcel Lefebvre, en terres gabonaises. Pour ses moments de détente, le Français jouit également d’une baie vitrée et d’une terrasse. Comme l’ex-maire de Libreville Lubin Martial Ntoutoume Obame, ancien occupant de la maison, le prélat aime observer Libreville de ce milieu des années 1980 », racontent-ils.
Dans cette enquête, nos confrères relèvent des méthodes de cette communauté, qui agit en toute impunité. Car selon eux, « les garçons ont le droit de s’aimer »
« Patrick Groche, un intime que Marcel Lefebvre a chargé de développer les activités de la Fraternité fondée en 1970, aime à utiliser ce roman d’éducation. Régulièrement, l’abbé en évoque des passages avec les jeunes de sa mission, qui viennent les mercredis, samedis ou dimanches pour le catéchisme, la messe ou le tennis de table. Parmi ces adolescents, Claude, qui porte par coïncidence le même prénom que le héros de Francis Finn, occupera une place à part ».
Au Gabon, comme dans plusieurs pays du continent, un prêtre blanc est très souvent considéré comme un envoyé de Dieu.
« Né en 1969, il est l’un des premiers enfants gabonais à avoir intégré la mission de Libreville, dès son ouverture, en 1986. Son père, fervent croyant, est ce qu’on appelle un catholique traditionaliste. Comme Marcel Lefebvre, qui sera excommunié par le pape Jean-Paul II en 1988, il refuse la messe en français, lui préfère le latin, et rejette les règles édictées par le concile de Vatican II, jugé trop « moderniste ». Surtout, il entend offrir à son jeune fils Claude une paroisse correspondant à ses convictions. Ce sera la mission de la Fraternité Saint-Pie-X », conclut nos confrères .
Jean Marc Azizet
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Jean Marc Azizethttps://gabontelegraph.com/author/mebale69gmail-com/
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Ces faits de pédophilie par les abbés Patrick Groche et Damian Carlile ne sont que la pointe de l’iceberg. Il faut creuser, creuser et creuser: pendant une vingtaine d’années, cette mission Saint-Pie X de Libreville a été un vaste bordel, un lieu de débauche tous azimuths et les victimes, garçons mais aussi filles mises enceintes par les prêtres, se comptent par dizaines. La loi du silence est encore forte et elle ne tombera pas facilement: il faut continuer à creuser, à gratter et à écrire, à dénoncer. Journalistes, maintenez la pression, svp!