Récurrence des séismes : l’alerte des scientifiques gabonais

La récurrence, ces derniers temps, des tremblements de terre au Gabon, un pays relativement épargné jusqu’ici, a emmené la communauté scientifique gabonaise à prendre la parole ce mercredi 7 décembre. Le Dr Jean Eudes Boulingui, maître assistant CAMES, et Edwin Audrey Mabaka Makita ont entretenu la presse sur le thème « Secousses sismiques, éboulements et valorisation des formations géologiques supergènes au Gabon: cas de I’Estuaire et du Moyen Ogooué».

Au cours de son exposé, le Dr Boulingui est revenu sur l’historique des séismes et des éboulements au Gabon, les causes probables de ces phénomènes liés au sol et indiqué les résolutions à envisager à l’avenir. Il était surtout question pour lui de démontrer l’urgence pour le pays d’avoir ses propres spécialistes qui puissent aider le gouvernement dans la prise de décision et ainsi minimiser l’impact en cas de séisme majeur.

Si la première secousse sismique au Gabon fut enregistrée un 23 septembre 1974 à 23h07min à 15 km de Malinga, un séisme de magnitude 6,2 , il a fallut attendre 45 ans pour enregistrer un autre séisme . En effet, le Jeudi 19 décembre 2019, un séisme de magnitude 5,5 avait secoué Libreville et sa banlieue. Depuis, le phénomène est devenu de plus en plus récurrent. Deux ans après, le 6 Mars 2021 à 47 km de Lambaréné un séisme de magnitude 4,9. Trois jours plus tard, le 9 Mars 2021 à 33 Km de Fougamou un autre de 5,4 de magnitude.

Par chance, fait remarquer le scientifique, tous les séismes survenus jusque-là ont été plutôt de faible intensité. Toutefois, le risque d’avoir des secousses dans l’intervalle de magnitude compris entre 6,9 dit fort et 9,0 dit exceptionnel, n’est pas à exclure. Et dans ce cas, l’on peut craindre des destructions d’infrastructure « allant des zones jusqu’à environ 180km de l’épicentre, à des dommages plus sérieux à des centaines de kilomètres.

Sans vouloir être alarmiste, Jean Eudes Boulingui milite pour la formation des spécialistes dans le domaine de la géophysique appliquée à la sismique à savoir : sismologues dans l’étude des tremblements de terre, et docteurs spécialistes des questions liées aux déformations de l’écorce terrestre et ou de la lithosphère mantellique et terrestre.

Il propose également la création de deux laboratoires, un premier d’étude sismique, « qui aurait pour mission, la simulation, la formulation et le contrôle du territoire national sur la prévention des séismes probables en République Gabonaise », et l’autre d’étude et d’analyse des Géomatériaux naturels terrestres qui aurait pour mission, la simulation, la formulation des biens des services issus des matériaux et minéraux des formations supergènes Susceptibles d’aider le gouvernement dans sa prise de décisions sur les grands travaux.

Le conférencier souhaite aussi voir la création d’un centre de formation ayant pour mission principale la formation des techniciens spécifiques notamment des prospecteurs géologues, des géophysiciens dans l’applicabilité de la sismique, la recherche des eaux souterraines dans les zones enclavées, ainsi que des laborantins dans la maitrise de l’applicabilité et l’expérimentation du matériel de laboratoire lié à la sismique, la céramique, les géomatériaux naturels.