
GT 20 juillet 2022 — L’aveu est de Christian Patrichi Tanassa Mbadinga, ancien administrateur-directeur général de la Gabon Oil Company et administrateur général de la Gabon Oil Marketing. Il a avoué avoir effectué des décaissements de fonds, mais c’était sur décision exceptionnelle de Brice Laccruche Alihanga, l’ex-directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba.
Au deuxième et pénultième jour de l’interrogatoire à la barre de Geaurge Elsa Ndemengane Ekoh, Jérémie Ayong Nkodjé Obame et Christian Patrichi Tanassa Mbadinga, l’on a eu droit à des débats très intéressants. Des débats au fond dirigés par Bertin Methomo, président de la Cour criminelle, et auxquels ont bien participé Romaine Makouaza épouse Vendakambano pour le compte du parquet général, les conseils de l’Agence judiciaire de l’État (AJE), les accusés et leurs avocats.
L’on retient des échanges qu’une organisation, ou du moins des pratiques illégales ont eu cours pour favoriser des »frappes » financières. Aussi bien à la GOC qu’à la GOM, sociétés placées sous la gestion quotidienne de Patrichi Tanassa Mbadinga.
Ce dernier a donc reconnu avoir instruit Jérémie Ayong Nkodjé Obame, administrateur adjoint de la GOM, de faire décaisser par dame Ndemengane Ekoh, trésorière de la société précitée, d’importantes sommes d’argent. C’est le cas 100 millions de FCFA.
Après décaissement, ledit montant aurait été remis à l’ancien proche collaborateur et « messager intime » du chef de l’État, Ali Bongo Ondimba. Il devait servir, a-t-on entendu, au paiement des primes des personnes ayant pris part à une réunion de la Commission nationale partie des produits pétroliers. À savoir : les représentants des ministères du Budget, de l’Economie et des Hydrocarbures.
« Et, dans tout cela, quel était la mission de Geaurge Elsa Carelle ? », demande le président de céans à Christian Patrichi Tanassa Mbadinga. « Elle n’était qu’une simple exécutante », répond-il.
Aussi, à la barre, l’ex-patron de la GOC et de la GOM n’a-t-il pas pu apporter la preuve matérielle certifiant que les présumés bénéficiaires ont bel et bien perçu à eux destiné. Tout comme il a été accablé par l’absence d’éléments de preuves au sujet du décaissement de 195 millions pour un évènement lié au président de la République, de retour de l’étranger où il séjournait pour des raisons de santé.
Il en est de même pour les fonds engloutis pour des opérations de mécénat, de sponsoring et autres. Christian Patrichi Tanassa Mbadinga énumérant, entre autres, les sommes de 200 millions de FCFA pour le Marathon de Franceville, de 100 millions de FCFA pour des activités de la Fondation Sylvia Bongo Ondimba (FSBO), d’un milliard de FCFA pour le financement des championnats de première et deuxième divisions. Ou encore un chèque de 50 millions de FCFA libellé au nom de Jean Marie Ogandaga, alors ministre de l’Economie et de la Relance, pour, dit-il, l’achat du carburant des forces de sécurité et de défense lors du coup d’État manqué.
En revanche, il s’est montré suffisamment explicite par rapport à un montant total de plus de 444 millions de FCFA décaissé pour l’achat des véhicules à ses collaborateurs. Expliquant que cela était conforme à ses prérogatives et aux règles édictées par l’Ohada.
Pour le Ministère public et l’AJE, il ne fait aucun doute que Patrichi Tanassa Mbadinga était bien conscient de ses agissements et de la destination illicite ses sommes sorties des caisses des entreprises placées sous sa responsabilité. Ce qui est le cas aussi pour Jérémie Ayong Nkodjé Obame, même si ce dernier a eu l’intelligence d’exiger à son autorité légale une signature attestant qu’il a reçu les fonds décaissés de la GOM.
Pour la défense, la manifestation de la vérité aurait été bien réelle si les personnes citées par les accusés, devant le magistrat instructeur, avaient été invitées à comparaître. Cette requête a peu de chance de prospérer. D’autant que la Cour criminelle rendra sa décision ce mercredi 20 juillet 2022.
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