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Zones économiques spéciales gabonaises : pourquoi tout le monde en parle ?

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Il n’y a pas à dire, les zones économiques spéciales (ZES) du Gabon sont un franc succès, au point où plusieurs entités, morales ou physiques, en font les éloges partout à travers la planète.

Tout le monde en parle, surtout à l’international. Mais pourquoi ? Qu’y a-t-il de particulier ?

Il ne se passe plus un temps sans que des portes voix main stream (National Geographic, New-York Times, Arte, TF1 etc..) ne consacrent des pages entières au « Gabon Vert ». Le dernier en date est Thierry Téné, co-fondateur de la plateforme digitale de RSE intégrée et du label Doing Good In Africa (DGIA).

Il a récemment consacré un article à la ZES de Nkok, qu’il a jugée bien aménagée lors de sa récente visite au Gabon. Avec 84 entreprises spécialisées dans la transformation du bois sur un total de 144 issues de 19 pays, et 70 secteurs industriels représentés, la ZES de Nkok est un gigantesque parc industriel qui s’étend sur 1390 ha divisés en trois secteurs.

Elle a été classée meilleure zone industrielle du monde dans le domaine du bois par le Financial Times en 2020. Dans son article publié sur https://doinggoodinafrica.com, Thierry Téné évoque « une véritable success story politique, économique, industriel et social », en parlant de cette zone industrielle.

Pour le lauréat du prix spécial ISAR 2022, ce succès est la résultante d’une « décision politique courageuse » intervenue en 2010 : l’interdiction d’exportation du bois non transformé.

C’est donc à la suite de cette mesure, qui vise à favoriser une transformation locale de ses essences forestières, que le gouvernement gabonais a résolu de créer des zones industrielles au sein desquelles les entreprises bénéficieraient d’un régime privilégié, avec une exonération de taxes pendant 5 ans, la libre importation de la main d’œuvre, etc.

Ainsi est née la zone économique spéciale (ZES) de Nkok, appelée aussi Zone économique à régime privilégié (ZERP). Le succès a été si retentissant qu’en 2021, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (Cémac) a décidé de suivre cet exemple dans les pays du Bassin du Congo.

Et si cette décision, qui devait entrer en vigueur le 1er janvier 2023, a été une fois de plus reportée à plus tard, certains États tel que le Congo, ont tout de même emboîté le pas du Gabon.

Dans une note, aux usagers portuaires, datée du 30 décembre 2022, Séraphin BHALAT, directeur général du port autonome de Pointe-Noire, a clairement indiqué qu’il est fait interdiction, à compter du 1er janvier 2023, d’exporter les produits bois en grumes issus des forêts naturelles et des forêts plantées en République du Congo. « Difficile ici de ne pas faire le lien avec le succès gabonais en la matière », selon Thierry Téné.

Citant Arise, partenaire de l’État dans la mise en œuvre des ZES, il souligne également que la valeur de l’exportation des produits bois au Gabon est passée de 200 milliards de FCFA en 2010 à plus de 700 milliard en 2019. Pendant la même période, la contribution du secteur du bois au Produit intérieur brut (PIB) du pays a été multipliée par 4, passant de 125 milliards de FCFA en 2010 à environ 526 milliards de nos francs, 9 ans plus tard.

Outre les retombées économiques, l’impact social est aussi énorme. « Le nombre d’emplois dans le secteur du bois au Gabon est passé de 8 400 en 2010 à 34 200 en 2020 », a-t-il affirmé.

Et l’obligation faite par les plus hautes autorités gabonaises aux concessions forestières d’obtenir la certification FSC a davantage boosté les ZES, et celle de Nkok en premier.

Au regard de tout ceci, on comprend mieux l’intérêt des autres pays de la CEMAC de s’inspirer du modèle gabonais. « Mais réussiront-ils ce challenge ? », s’est-il interrogé en guise de conclusion.

 

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